Que vous exerciez votre activité professionnelle dans une institution privée ou publique, vous êtes désormais tenus d’opérer un savant dosage entre termes français et anglais, sous peine de passer pour un gros ringard aux yeux de bon nombre de vos collaborateurs.
Intention que je résumerais volontiers ainsi lorsque j’écoute certains interlocuteurs : « pourquoi parler français quand on peut parler anglais ? » Mise en situation : « Quand nous aurons achevé le story-board, nous organiserons le brief créa. Puis nous nous calerons avec l’intégrateur sur les templates. » Brief graphique, brief créa. Si par malheur on ajoutait « tif », cela ne ferait pas assez innovant, voyons !
De façon générale, apprenez à couper vos mots de manière opportune. Ainsi, par exemple, ne vous abaissez pas à parler de stratégie, mais dites plutôt : « tant que la strat’ n’aura pas été définie, nous ne pourrons pas “reboucler” avec x ou y ou organiser un brief »… On ne fait pas le point, on « reboucle ». Non contents de truffer leurs phrases de termes anglais, certains inventent de nouveaux mots « français »… Le mot sonne français, mais il fait « fun ». Presque anglais, en somme.
Et que dire de la magnifique valse des anglicismes ? Votre reporting est-il complet ? Quel est votre process de prise de décision ? Avez-vous mis en place des dispositifs de mentoring ? Faites-vous du co-branding ? Et avez-vous songé à revoir le wording de vos pages ? De quoi booster votre projet, croyez-moi !
Les étudiants français n’ont plus des journées d’accueil, mais des « welcome days ». Ils n’iront pas s’entraîner dans un laboratoire d’apprentissage, mais dans un « learning lab ».
Une réunion ? Un atelier créatif ? Vous plaisantez ! Ça veut dire quoi, d’abord ? « Je te forwarde le mail. Et n’oublie pas d’uploader ta nouvelle image de profil… »
On peut s’écharper sur des pseudo-réformes, encore faudrait-il utiliser un tant soit peu les termes de notre propre langue.
Bien sûr, le phénomène n’est pas nouveau, les langues sont poreuses et des termes étrangers entrent naturellement dans le vocabulaire d’autres langues. On parle ainsi spontanément d’un week-end, d’un sandwich, d’un match, etc. Mais stop à l’invasion, à la gangrène, aux phrases truffées d’anglicismes ridicules ou de termes inutiles. Attention au « bad buzz » !
Bonjour,
C’est au management (he oui je commence mal!) que nous devons ces déformations de la langue française. A défaut de trouver des équivalents cohérents pour traduire certains termes, nous les avons intégrés directement dans le langage courant.
Prenons l’exemple de Marketing. Ce terme en français est officiellement traduit par mercatique mais cela ne correspond pas au sens du mot anglais : la mercatique est la compréhension des marchés et le marketing englobe cette notion plus l’analyse du consommateur, la force de vente…
Le terme anglais est plus global et offre donc une réalité « polyforme » que l’on n’a pas besoin d’expliquer car le sens se comprend dans le contexte.
Celle m’amène à une question: dans une langue structurée comme le français, l’usage de ces termes sans définition précise n’est il pas la conséquence d’un manque de réflexion du propos?