« Skizzen s’attendait à voir l’humanité périr, mais finit par redouter qu’elle survive. »
Telle est la bonne phrase à laquelle aboutit Joseph Skizzen, après s’être essayé à de nombreuses formulations.
La bonne phrase, autrement dit celle à même de traduire la vision du monde de Joseph et sa déchirure profonde.
Déraciné et effrayé par la sauvagerie de ses semblables, ce dernier n’aspire qu’à une chose : n’être qu’un artifice, un être invisible, ne pas se faire remarquer, rester le plus possible en retrait, afin de disparaître de la scène du monde.
Parce qu’à celui-ci répond le musée de l’Inhumanité, c’est-à-dire le grenier dans lequel Joseph collecte des documents exposant les maux terribles et innombrables que ses semblables sont capables de commettre : vols, crimes, massacres, tortures…
La musique est le seul réconfort de sa vie et, peut-être aussi, le jardin patiemment élaboré par sa mère, tel un écrin protecteur et délicat. Maigres remparts face à « la souillure morale du monde » que rien ne peut racheter.
Le Musée de l’Inhumanité
William H. GASS
Le Cherche Midi, 2015
Traduit de l’américain par Claro
576 pages