Lectures | Sélection 2024

Les livres que j’ai aimés en 2024

 

Littérature, Art

Violaine Bérot, Comme des bêtesViolaine Bérot, Comme des bêtes
Roman | Libretto, 2022
128 pages

La tendresse de « l’Ours » qui s’affronte à l’étroitesse d’esprit des gens « normaux ».


Christian Bobin, L'homme qui marcheChristian Bobin, L’homme qui marche
Le temps qu’il fait, 1995
40 pages

 


Michel Bussi, Nymphéas noirsMichel Bussi, Nymphéas noirs
Roman | Pocket, 2013
504 pages

 


Fabrice Caro, FigurecFabrice Caro, Figurec (1re parution : 2006)
Roman | Gallimard, coll.  » Folio », 2019
272 pages

L’humour noir et décalé de Fabrice Caro nous entraîne dans un univers de faux-semblants, expression de la solitude et de la paranoïa du personnage principal. Une façon aussi sans doute, poussée à l’extrême via la mise en scène d’une société de figurants, d’interroger avec malice notre part d’authenticité dans nos relations sociales, familiales et amoureuses.


Jean Grenier, Les ÎlesJean Grenier, Les Îles (1re parution : 1933)
Gallimard, coll. « L’imaginaire », 1977
168 pages

 


Sándor Márai, Un chien de caractèreSándor Márai, Un chien de caractère (1932)
Roman | Le Livre de Poche, coll. « Biblio », 2005
Traduit du hongrois par Georges Kassai et Zéno Bianu
224 pages

 


Fernando Pessoa, Le Banquier anarchisteFernando Pessoa, Le Banquier anarchiste (1922)
Roman | Christian Bourgois Éditeur, coll. « Satellites », 2024
Traduit du portugais par Françoise Laye
128 pages

 


Ron Rash, Une terre d'ombreRon Rash, Une terre d’ombre
Roman | Points, coll. « Signatures », 2019
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Reinharez
288 pages

 

 


Lydie Salvayre, Pas pleurerLydie Salvayre, Pas pleurer
Roman | Seuil, 2014
288 pages

 

 


Luis Sepúlveda, Le Monde du bout du mondeLuis Sepúlveda, Le Monde du bout du monde
Roman | Éditions Métailié, 2012
Traduit de l’espagnol (Chili) par François Maspero
144 pages

« Sur cette mer sereine mais jamais calmée, sur cette bête silencieuse qui bandait ses muscles en se préparant pour l’étreinte polaire, sous les milliers d’étoiles témoins de l’éphémère et fragile existence humaine, je sus enfin que j’étais de là et que, quoi que je fasse, je porterais toujours en moi les éléments de cette paix terrible et violente, annonciatrice de tous les miracles et de toutes les catastrophes. »



Fred Vargas, Sous les vents de NeptuneFred Vargas, Sous les vents de Neptune
Policier | Éditions J’ai Lu, 2008
448 pages

Une enquête haletante menée par le commissaire Adamsberg, entre France et Québec.


Philosophie, Éthologie

Jean-Christophe Bailly, Le parti pris des animauxJean-Christophe Bailly, Le parti pris des animaux
Christian Bourgois éditeur, 2013
150 pages

 

 

 


Élisée Reclus, À propos du végétarismeÉlisée Reclus, À propos du végétarisme (1901)
Éditions Bartillat, 2020
128 pages

L’ouvrage rassemble La grande famille (1897) et À propos du végétarisme (1901).

« Il nous tarde de ne plus entendre les voix bêlantes des moutons, les mugissements des vaches, les grognements et les cris stridents des porcs qu’on mène à l’abattoir […]. Nous avons le souci de vivre enfin dans une cité où nous ne risquerons plus d’apercevoir des boucheries pleines de cadavres à côté des magasins de soieries ou de bijoux, en face de la pharmacie ou de l’étalage de fruits parfumés, ou de la belle librairie, ornée de gravures, de statuettes et d’œuvres d’art. » (À propos du végétarisme, p. 80-81)


Bande dessinée

Blake et Mortimer, Huit heures à BerlinJosé-Louis Bocquet, Jean-Luc Fromental, Antoine Aubin, Blake et Mortimer – Huit heures à Berlin
Bande dessinée | Éditions Blake et Mortimer, 2022
Scénaristes : José-Louis Bocquet, Jean-Luc Fromental – Dessinateur : Antoine Aubin
64 pages


Lomig, Au cœur des solitudesLomig, Au cœur des solitudes
Bande dessinée | Éditions Sarbacane, 2023
176 pages

Un album remarquable de Lomig, servi par des planches superbes, consacré au destin de John Muir et son parcours dans une nature encore intacte des terres américaines.

Lectures | Sélection 2023

Les livres que j’ai aimés en 2023

 

Littérature, Art

François Busnel, Jim Harrison. Seule la terre est éternelleFrançois Busnel, Jim Harrison. Seule la terre est éternelle
Album illustré | Gallimard, 2022
256 pages

 


Akira Mizubayashi, Mélodie. Chronique d'une passionAkira Mizubayashi, Mélodie. Chronique d’une passion
Gallimard, coll. « Folio », 2014
288 pages

 


Rainer Maria Rilke, Sa vie est passée dans la vôtreRainer Maria Rilke, Sa vie est passée dans la vôtre. Lettres sur le deuil
Les Belles Lettres, 2022
Préface, notes et traduction par Micha Venaille
128 pages

 


Cédric Sapin-Defour, Son odeur après la pluieCédric Sapin-Defour, Son odeur après la pluie
Stock, 2023
270 pages

« Il manquera la parole mais il y aura mieux. Il y aura les regards, les bruits infimes, les courbures du corps, le sens du poil, ces signaux discrets, perçus de nous seuls et offrant à des êtres si différents de dialoguer. »


Luis Sepúlveda, Le Vieux qui lisait des romans d'amourLuis Sepúlveda, Le Vieux qui lisait des romans d’amour 
Éditions Métailié, 1992
Traduit de l’espagnol (Chili) par François Maspero
132 pages


Olga Tokarczuk, Sur les ossements des mortsOlga Tokarczuk, Sur les ossements des morts
Roman | Libretto, 2020
Traduit du polonais par Margot Carlier
288 pages

 


Philosophie, Éthologie, Histoire

Éric Baratay, Cultures félinesÉric Baratay, Cultures félines (XVIIIe-XXIe siècle). Les chats créent leur histoire
Seuil, coll. « L’Univers historique », 2021
336 pages

 


Vinciane Despret, Que diraient les animaux, si... on leur posait les bonnes questions ?Vinciane Despret, Que diraient les animaux, si… on leur posait les bonnes questions ?
La Découverte Poche / Essais, 2014
328 pages

 

 


Tristan Garcia, Nous, animaux et humainsTristan Garcia, Nous, animaux et humains
François Bourin Éditeur, 2011
216 pages

 

 


Tristan Garcia, NousTristan Garcia, Nous
Le Livre de Poche, coll. « Biblio essais », 2018 (Éditeur d’origine : Grasset, 2016)
312 pages

 

 


Corine Pelluchon, Jocelyne Porcher, Pour l'amour des bêtesCorine Pelluchon, Jocelyne Porcher, Pour l’amour des bêtes
Mialet-Barrault, coll. « Disputatio », 2022
160 pages

Un échange épistolaire sur la question animale entre la philosophe Corine Pelluchon et l’ex-éleveuse Jocelyne Porcher.

 


Bande dessinée

Fabcaro, Zaï zaï zaï zaïFabcaro, Zaï zaï zaï zaï
Bande dessinée | Éditions 6 Pieds sous terre, 2015
72 pages


Fabcaro, Didier Conrad, René Goscinny, Albert Uderzo, L'Iris blanc

Fabcaro, Didier Conrad, René Goscinny, Albert Uderzo, L’Iris blanc
Bande dessinée | Hachette, 2023
Texte : Fabcaro – Dessins : Didier Conrad – Mise en couleur : Thierry Mébarki
72 pages

Jusqu’à quel point nos amis gaulois se laisseront-ils intoxiquer par les sirènes du développement personnel et de la pensée positive ? À découvrir dans le 40e album d’Astérix, L’Iris blanc.
Un très bon cru grâce au scénario concocté par le facétieux Fabcaro et les dessins impeccables de Didier Conrad.


Jacques Ferrandez, Carnets d’AlgérieJacques Ferrandez, Carnets d’Algérie
Cycle 2 : 1954-1962
Bande dessinée | Éditions Casterman, 2021
360 pages

Ce deuxième cycle commence à la veille de l’insurrection pour se conclure à l’indépendance, en 1962. Il réunit en un volume les cinq tomes suivants : La Guerre fantôme, Rue de la Bombe, La Fille du Djebel Amour, Dernière demeure, Terre fatale.


Remo Forlani, Ma chatte mon amourRemo Forlani, Ma chatte mon amour
Éditions Ramsay, 1990
96 pages

Un verbe tendre et profond sous ses dehors légers, des dessins drôles et émouvants, cet ouvrage de Remo Forlani devrait trouver sa place dans la bibliothèque de tout humain compagnon d’un chat.
En voici un avant-goût avec ces mots prêtés à Finette, la chatte tant aimée : « On a l’homme qu’on a. Moi, le mien, il est un peu écrivain, un peu journaliste et très amoureux (de moi). Il l’est même tellement qu’il m’a fait ce livre avec plein de portraits de moi, écrits, dessinés et même peints à l’aquarelle, avec des poèmes, des bouts de son journal intime, avec des révélations inédites sur nos rêves à nous les chats, sur notre vie sexuelle, sur nos défauts (qui sont des qualités), sur notre intelligence (qui est fabuleuse), … C’est comme ses romans Pour l’amour de Finette et Gouttière. Mais, en plus, y’a des images. De moi. Et je suis tellement belle et drôlette… »

Lectures | Sélection 2022

Les livres que j’ai aimés en 2022

 

Littérature, Art

Christian Bobin, La présence pureChristian Bobin, La présence pure
Le temps qu’il fait, 1999
72 pages

« J’écris dans l’espérance de découvrir quelques phrases, juste quelques phrases, seulement quelques phrases qui soient assez claires et honnêtes pour briller autant qu’une petite feuille d’arbre vernie par la lumière et brossée par le vent. »

>> Chronique de l’ouvrage publiée sous le titre « Un arbre devant la fenêtre » dans le n°31 de la revue Alkemie :
https://classiques-garnier.com/alkemie-2023-1-revue-semestrielle-de-litterature-et-philosophie-n-31-la-destruction-un-arbre-devant-la-fenetre.html


Lilian Jackson Braun, Le chat qui lisait à l'enversLilian Jackson Braun, Le chat qui…
Romans | Traduits de l’anglais par Marie-Louise Navarro

Le chat qui lisait à l’envers (1966)
10/18, coll. « Grands détectives », 1992
222 pages

Le premier roman de la série « Le chat qui… ».

Le chat qui mangeait de la laine (1967)
10/18, coll. « Grands détectives », 1992
222 pages

Le 2e roman de la série.

Le chat qui voyait rouge (1986)
10/18, coll. « Grands détectives », 1991
256 pages

Le 4e roman de la série.

Le chat qui connaissait un cardinal (1991)
10/18, coll. « Grands détectives », 1993
285 pages

Le 12e roman de la série.

Le chat qui déplaçait des montagnes (1992)
10/18, coll. « Grands détectives », 1993
290 pages

Le 13e roman de la série.

« Il gravit la pente lentement et s’arrêta à plusieurs reprises pour caresser sa moustache. Elle était particulièrement sensible à certains stimuli et il éprouvait une sensation particulière à sa racine chaque fois qu’il rencontrait des mensonges, des fraudes ou tout autre signe de malhonnêteté. Et voilà qu’il enregistrait le signal. Koko avec ses moustaches retroussées et son nez inquisiteur avait les mêmes tendances. D’une certaine façon, ils étaient frères. »

Le chat qui n’était pas là (1992)
10/18, coll. « Grands détectives », 1994
288 pages

Le 14e roman de la série.

« Il n’existe pas deux Koko, dit-il avec conviction. C’est le Shakespeare des chats, le Beethoven des chats, le Leonardo des chats. »


László Krasznahorkai, Le Dernier LoupLászló Krasznahorkai, Le Dernier Loup (poche)
Nouvelle | Éditions Cambourakis, 2022
Traduit du hongrois par Joëlle Dufeuilly
80 pages

Un texte fascinant qui nous embarque dans son unique phrase de laquelle émane le cri déchirant de la nature à travers le destin du dernier loup et où l’angoisse entre en lutte avec le vide étreignant l’ancien professeur de philosophie qui entreprend ce voyage en Estrémadure : « […] alors qu’il fixait la rue, il ressentit la même angoisse que là-bas, et fut horrifié de constater que cette angoisse était de toute évidence plus forte que le vide qui constituait son être, ce vide dans lequel il connaissait le calme et le repos ».


Alice Munro, Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du toutAlice Munro, Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout
Nouvelles | Éditions de l’Olivier / Points, 2021
Traduit de l’anglais (Canada) par Agnès Desarthe
456 pages

 


Auður Ava Ólafsdóttir, Rosa candidaAuður Ava Ólafsdóttir, Rosa candida
Roman | Éditions Zulma, 2015
Traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson
288 pages

 


Auður Ava Ólafsdóttir, Miss IslandeAuður Ava Ólafsdóttir, Miss Islande
Roman | Éditions Zulma, 2019
Traduit de l’islandais par Éric Boury
288 pages

 


Virginia Woolf, Flush : une biographieVirginia Woolf, Flush : une biographie (1932)
Roman | Éditions Le Bruit du temps, 2015
Traduit de l’anglais par Charles Mauron
160 pages

 


Philosophie, Éthologie, Histoire

Éric Baratay, Le Point de vue animal. Une autre version de l'histoireÉric Baratay, Le Point de vue animal. Une autre version de l’histoire
Seuil, coll. « L’Univers historique », 2012
400 pages

« Il faut sortir notre regard et notre réflexion du nombril humain, examiner avec générosité pour mieux voir et souligner les capacités et les potentialités des animaux, dans leurs diversités spécifiques, alors qu’on n’a fait que les nier ou les masquer pour défendre la place et les privilèges que l’espèce humaine s’est attribués. »


Éric Baratay, Biographies animalesÉric Baratay, Biographies animales. Des vies retrouvées
Seuil, coll. « L’Univers historique », 2017
304 pages

« Les animaux ne sont pas plus « naturels » que les humains. Ils ne font pas plus partie du décor terrestre que nous. […] Les animaux évoluent tous dans un environnement avec lequel ils composent, pour lequel ils s’adaptent d’eux-mêmes ou sous la force des pressions extérieures. »


Florence Burgat, La cause des animauxFlorence Burgat, La cause des animaux. Pour un destin commun
Essai | Buchet-Chastel, coll. « Dans le vif », 2015
112 pages

« Agissons conformément à notre conviction sans nous réfugier derrière le prétexte que, individuellement considérée, notre action est vaine. Enfin, ne nous laissons pas intimider par l’argument selon lequel il y a des choses  plus urgentes et plus graves. Qu’est-ce qui peut l’être au regard d’une condition dont la violence la plus extrême est légalisée partout dans le monde ? Suspectons la générosité morale et l’engagement humanitaire de ceux qui profèrent cet argument, et refusons d’admettre que les animaux passent après tout le reste. Loin d’être volée aux êtres humains, l’attention portée aux animaux, en plus d’être directement tournée vers eux et à ce titre pleinement justifiée, concourt très sûrement à la pacification des relations interhumaines. Car, en effet, comment abaisser le niveau de violence entre les êtres humains tant que l’on enseignera que la mise à mort est la relation normale avec les animaux ? »


Jessica Serra, Dans la tête d'un chatJessica Serra, Dans la tête d’un chat
Le Livre de Poche, 2021 (Éditeur d’origine : Humensciences, 2019)
352 pages

 


Bande dessinée

Blacksad, Alors, tout tombe, tome 1Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido, Blacksad
Tome 6, Alors, tout tombe. Première partie

Bande dessinée | Éditions Dargaud, 2021
Scénario : Juan Diaz Canales – Dessin, Couleurs : Juanjo Guarnido
60 pages

 


Jacques Ferrandez, Carnets d'OrientJacques Ferrandez, Carnets d’Orient
Cycle 1 : 1830-1954

Bande dessinée | Éditions Casterman, 2019
368 pages

Premier tome de l’intégrale des Carnets d’Orient qui réunit en un volume les cinq premiers tomes de la série (Djemilah, L’Année de feu, Les Fils du Sud, Le Centenaire, Le Cimetière des Princesses).


Benoît Sokal et François Schuiten, Aquarica Tome 2, La baleine géanteBenoît Sokal et François Schuiten, Aquarica Tome 2, La baleine géante 
Bande dessinée | Rue de Sèvres, 2022
Scénario : Benoît Sokal et François Schuiten – Dessin : Benoît Sokal
80 pages

La suite et la fin de cette fable maritime et onirique conçue par Benoît Sokal et François Schuiten (cf. tome 1, Roodhaven). La baleine géante pourra-t-elle échapper à la folie vengeresse de Baltimore et de ses hommes ? Aquarica, le savant John Greyford et le lieutenant O’Bryan partent à leur poursuite avec un double objectif : empêcher les marins d’accomplir leur dessein meurtrier et comprendre pourquoi la baleine dérive vers le nord. Quel destin est envisageable pour le peuple vivant sur le dos de la baleine tandis que le froid gagne du terrain ?

Avec cet album, nous faisons également nos adieux à Benoît Sokal qui n’a pas eu la force de dessiner les dernières pages du livre et qui est mort en mai 2021. François Schuiten, son ami de très longue date et co-auteur, a alors dessiné les 12 dernières pages de l’album. La lecture de ce dernier tome, qui porte la trace de ce passage de témoin, n’en est que plus poignante.

 

Lectures | Sélection 2021

Les livres que j’ai aimés en 2021

 

Littérature, Art

Eva Baltasar, PermafrostEva Baltasar, Permafrost
Roman | Verdier, 2020
Traduit du catalan par Annie Bats
128 pages

Un roman grave, écrit au scalpel et empreint d’un humour mordant.

Extrait : « Réussir son suicide tient aujourd’hui de la prouesse. Le monde est plein de malotrus diplômés en secourisme, ils sont partout, discrets et gris comme des pigeons femelles, mais aussi agressifs que des mères. Ils défient la mort des autres avec leurs massages cardiaques et leurs impeccables manœuvres de Heimlich. […] Mourir dans un coin, ça serait bien, ça devrait être possible de louer des coins pour bien mourir, sans interférences, sans bouteilles d’oxygène autopropulsées qui te tombent dessus par surprise juste au dernier moment, un coin où les mesures de sécurité te garantiraient, t’assureraient une mort comme il faut. » (p. 17-18)


Nicolas Bouvier, Routes et DéroutesNicolas Bouvier, Routes et Déroutes. Entretiens avec Irène Lichtenstein-Fall [1992]
Entretiens | Éditions Métropolis, 2004
256 pages

 


Jean-Louis Fournier, Merci qui ? Merci mon chienJean-Louis Fournier, Merci qui ? Merci mon chien
Buchet-Chastel, 2020
224 pages

Accompagné de sa chatte Artdéco, Jean-Louis Fournier nous propose un parcours tendre et facétieux pour remercier les animaux de l’amour qu’ils nous apportent. Et pour dénoncer l’ingratitude de nombre de nos congénères envers eux. L’on peut, avec l’auteur, reprendre ces mots de Christian Bobin : « [Il faut] leur savoir gré de poser sur nous la douceur de leurs yeux inquiets sans jamais nous condamner. »


Arnaldur Indridason, La Femme en vertArnaldur Indridason, La Femme en vert
Policier | Points, coll. « Points Policier », 2007
Traduit de l’islandais par Éric Boury
360 pages

« Y a-t-il quelqu’un pour condamner le meurtre d’une âme ? »

Un texte particulièrement éprouvant parce qu’il aborde le thème de cette enfer domestique que l’on nomme pudiquement « violences conjugales ». Comme le relève Mikkelina : « Voilà un mot bien édulcoré pour décrire l’assassinat d’une âme. Un terme politiquement correct à l’usage des gens qui ne savent pas ce qui se cache derrière. Vous savez ce que c’est, de vivre constamment dans la terreur ? »


Arnaldur Indridason, Les Nuits de ReykjavikArnaldur Indridason, Les Nuits de Reykjavik

Policier | Points, coll. « Points Policier », 2016
Traduit de l’islandais par Éric Boury
360 pages

« Avant de s’endormir, il avait longuement pensé à cette jeune fille de l’École ménagère et à la disparue de Thorskaffi en se demandant si ce n’était pas sa passion pour les destins tragiques qui l’avait conduit à s’engager dans la police. »

Erlendur n’est alors qu’un simple agent de police, mais, intrigué par la mort déclarée accidentelle d’un clochard prénommé Hannibal, qu’il avait rencontré à diverses reprises lors de ses patrouilles de nuit, il entame une enquête discrète.
Suivant les investigations du jeune policier, se dessinent déjà les traits saillants de sa personnalité : un intérêt pour les êtres disparus et un tempérament sombre. Alors qu’Erlendur observe la vagabonde Thuri monter dans l’autobus pour se laisser conduire au hasard, Indridason écrit : « Sa vie était un voyage sans but et, en voyant l’autobus s’éloigner de Hlemmur, Erlendur avait presque l’impression de se voir à sa place, voyageur solitaire et sans but, condamné à une éternelle errance dans l’existence. »

À l’issue de cette première enquête officieuse, menée avec succès et opiniâtreté, la commissaire Marion Briem invite Erlendur à la rejoindre à la brigade criminelle. À suivre dans Le Lagon noir.


Arnaldur Indridason, Les Fantômes de ReykjavikArnaldur Indridason, Les Fantômes de Reykjavik

Policier | Métailié Noir, coll. « Bibliothèque nordique », 2020
Traduit de l’islandais par Éric Boury
320 pages

Une construction du récit magistrale. Les enquêtes conduites ici par Konrad, un policier à la retraite, semblent démarrer doucement, puis elles gagnent en intensité, créant un profond suspense maintenu jusqu’au dénouement.
Konrad, à l’instar d’Erlendur, parvient à se ressaisir de ses propres failles pour faire montre de compassion et rendre aux êtres martyrisés et négligés une sépulture digne.


Michel Lambert, Je me retournerai souventMichel Lambert, Je me retournerai souvent
Nouvelles | Pierre-Guillaume de Roux, 2020
208 pages

Chronique de l’ouvrage publiée sous le titre « À contretemps » dans le n°27 de la revue Alkemie.


Auður Ava Ólafsdóttir, ÖrAuður Ava Ólafsdóttir, Ör
Roman | Éditions Zulma, 2020
Traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson
208 pages

 


James Salter, L'Homme des hautes solitudesJames Salter, L’Homme des hautes solitudes
Roman | Points, 2014
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Antoine Deseix
264 pages

« Cette première et grandiose image devait bouleverser la vie de Rand. La montagne l’aimantait, elle s’élevait avec une lenteur infinie comme une vague prête à l’engloutir. Rien ne pouvait lui résister, rien ne pouvait lui survivre. »

La prose splendide de James Salter couplée à l’exaltation des hauts sommets, entre quête de l’ultime dépassement de soi et tentation du vide.


Lydie Salvayre, La DéclarationLydie Salvayre, La Déclaration (1990)
Roman | Points, coll. « Points », 1999
128 pages

« J’arpente mon malheur. Il est vaste et se déplace. Je marche pour perdre son souvenir dans la foule mais son souvenir est partout dans la foule. Je crois reconnaître son manteau gris au bout de chaque rue, au fond de chaque place, et mon cœur saute dans ma tête chaque fois.
Depuis qu’elle m’a quitté, je n’ai pas croisé un regard. »

« Un sang d’une légèreté de champagne bat à mes tempes et réanime des forces que je croyais mortes à jamais. Je me sens fort, décidé à vivre. C’est la première fois. »

Un texte dense, direct, qui fouille sans détour les recoins plus ou moins malodorants de nos âmes. Un texte qui sonde les cœurs blessés, dans leur oscillation essentielle : proches de l’extinction et prêts à reprendre une cadence…


Lydie Salvayre, FamilleLydie Salvayre, Famille
Nouvelle | Éditions Tristram, 2021
38 pages

« Le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille dit la mère. »

Un fils schizophrène, des parents ignorants et défaillants qui s’enferment dans le déni : « avec les psychiatres moins tu en dis mieux tu te portes ». Un père épuisé, violent et alcoolique. Une mère étouffante et abreuvée de télévision, à la sauce feuilleton sentimental américain. Et un fils dont on ignore la maladie mentale, au bord de la bascule criminelle.

« Je me sens dit le fils d’une humeur homicide. Je roule la vengeance au gouffre de mon cœur. Un bon assassinat me détendrait les nerfs.

Dis-lui ses quatre vérités à cette salope ! crie la mère à Bradley lorsque Jessica sapée comme une pute lui annonce qu’elle part le week-end à Las Vegas avec une amie de bureau, tu parles ! Je suis fatigué d’être dit le fils. Y aurait-il un humain en ce monde pour entendre ce que je dis ? Ta maman est là mon chéri dit la mère. Où peut-on être mieux qu’auprès de sa maman ? »

Le drame frappe à la porte de cette Famille, sous la plume cinglante et percutante de Lydie Salvayre.


Joël Vernet, Marcher est ma plus belle façon de vivreJoël Vernet, Marcher est ma plus belle façon de vivre
Notes éparses | La rumeur libre, 2021
112 pages

« La marche est mon souffle, ma plus belle façon de vivre. »


Marguerite Yourcenar, Les Yeux ouvertsMarguerite Yourcenar, Les Yeux ouverts
Entretiens avec Matthieu Galey

Entretiens | Le Livre de Poche, 1981
319 pages

« Nous passons tous, sans cesse, par des seuils initiatiques. Chaque accident, chaque incident, chaque joie et chaque souffrance est une initiation. Et la lecture d’un beau livre, la vue d’un grand paysage peuvent l’être aussi. Mais peu de gens sont assez attentifs ou réfléchis pour s’en rendre compte. »


Philosophie

Florence Burgat, Vivre avec un inconnuFlorence Burgat, Vivre avec un inconnu. Miettes philosophiques sur les chats
Essai | Rivages, coll. « Rivages Poche Petite Bibliothèque », 2016
112 pages

 


Marcel Conche, Ma vie antérieureMarcel Conche, Ma vie antérieure
Encre marine, 1998
160 pages

 


Frédéric Gros, Marcher, une philosophieFrédéric Gros, Marcher, une philosophie
Essai | Flammarion, coll. « Champs essais », 2019
320 pages

 


Frédéric Gros, Petite bibliothèque du marcheurFrédéric Gros, Petite bibliothèque du marcheur
Anthologie | Flammarion, coll. « Champs classiques », 2011
304 pages

« Philosopher, c’est faire vivre en soi le paysage de certaines questions ».

 


Étienne Klein, Psychisme ascensionnelÉtienne Klein, Psychisme ascensionnel. Entretiens avec Fabrice Lardreau
Arthaud, coll. « Versant intime », 2020
160 pages

« Psychisme ascensionnel » est une expression empruntée à Gaston Bachelard qui qualifie par ces termes la philosophie de Nietzsche (Cf. L’Air et les songes, chapitre V). Dans cet ouvrage d’entretiens avec Fabrice Lardreau, Étienne Klein, physicien et philosophe des sciences, revient sur sa passion pour la montagne. Celle-ci offre présence à soi, déploiement de la pensée, confrontation aux ressources du corps et à ses liens troubles avec l’esprit.
À travers son expérience de la randonnée et, surtout, de l’escalade et du trail, E. Klein a pu trouver une profonde élévation :  celle de son être propre qui, s’affrontant aux lois de la gravité, accède à la beauté fascinante des hauts sommets, mais aussi du soi avec les autres à travers l’amitié et la solidarité qui se noue avec l’esprit de cordée.


Sven Ortoli, Marcher avec les philosophesSven Ortoli, Marcher avec les philosophes
Philo Éditions, 2018
219 pages

Avec Pascal Bruckner, Cédric Gras, Frédéric Gros, Nancy Huston, Jean-Paul Kauffmann, Alexis Lavis, David Le Breton, Michel Malherbe, Michel Serres et les illustrations d’Emmanuel Guibert.
Sous la direction de Sven Ortoli.


Franz Overbeck, Souvenirs sur Friedrich NietzscheFranz Overbeck, Souvenirs sur Friedrich Nietzsche
Éditions Allia, 2006
Traduit de l’allemand par Jeanne Champeaux
64 pages

 


Bande dessinée

Blake et Mortimer – Le Cri du MolochJean Dufaux, Christian Cailleaux et Etienne Schréder, Blake et Mortimer – Le Cri du Moloch
Bande dessinée | Éditions Blake et Mortimer, 2020
Scénariste : Jean Dufaux – Dessinateurs : Christian Cailleaux et Etienne Schréder
56 pages


Emmanuel Lepage, Sophie Michel et René Follet, Les Voyages d'UlysseEmmanuel Lepage, Sophie Michel et René Follet, Les Voyages d’Ulysse
Bande dessinée | Daniel Maghen éditions, 2016
Scénariste : Sophie Michel – Dessinateurs : Emmanuel Lepage et René Follet
264 pages

Une Odyssée au féminin particulièrement remarquable. Suivre la quête de Salomé à travers les flots, c’est entrer dans un parcours exaltant pour retrouver les toiles d’Ammôn Kasacz. Créations picturales qui sont un hommage profond à Homère, ainsi qu’à la mère de Salomé qui admirait son œuvre et berçait ses enfants de la lecture de celle-ci. Pourquoi Salomé part-elle à la recherche des peintures de Kasacz ? À vous de le découvrir dans Les Voyages d’Ulysse. L’ouvrage lui-même est un petit bijou à tous égards : le fil du récit doté d’une grande poésie, les extraits d’Homère encartés sur papier calque et la qualité graphique servie par des dessins magnifiques réalisés par Emmanuel Lepage et René Follet.

Lectures | Sélection 2020

Les livres que j’ai aimés en 2020

 

Littérature, Art

Eva Bester, Léon SpilliaertEva Bester, Léon Spilliaert- Œuvre au noir (Ostende 1881 – Bruxelles 1946) 
Essai | Éditions Autrement, coll. « Essais et documents », 2020
112 pages

« Ses paysages sont des asiles, ses portraits, les effigies de nos âmes sombres.
Avec ses natures mortes, il transcende le réel et rend le banal fantastique.
C’est un alchimiste  : de la boue et la sombreur, il fait du sublime.
Spilliaert donne du panache au spleen. »


Hannelore Cayre, La DaronneHannelore Cayre, La Daronne
Roman | Points, coll. « Points Policier », 2018
192 pages

Une écriture nerveuse et un humour décapant qui font mouche !


Velickovic. Le grand style et le tragiqueJean-Luc Chalumeau (direction scientifique), Velickovic. Le grand style et le tragique
Fonds Hélène & Édouard Leclerc, 2019
216 pages

Catalogue de l’exposition présentée au Fonds Hélène & Edouard Leclerc, Landerneau (15 décembre 2019 – 26 avril 2020).


J. M. Coetzee, Elizabeth CostelloJ. M. Coetzee, Elizabeth Costello
Roman | Points, 2006
Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Catherine Lauga du Plessis
320 pages

Elizabeth Costello est une romancière australienne de renom. Mais c’est aussi une femme vieillissante, blessée et fatiguée. Nous la suivons lors d’une tournée de conférences, qu’elle effectue comme elle ferait un dernier tour de piste, vacillant face à la cruauté, au mal et à la mort qui l’attend au tournant. Un texte profond et poignant de J. M. Coetzee.


Arnaldur Indridason, BettýArnaldur Indridason, Bettý
Roman | Points, coll. « Points roman noir », 2012
Traduit de l’islandais par Patrick Guelpa
240 pages

« Je n’ai jamais aussi bien connu une femme et pourtant, aucune ne m’a été autant étrangère. Elle a été pour moi comme un livre ouvert et en même temps une énigme absolument indéchiffrable. »

Du côté de Reykjavík, la perfidie et l’avidité se parent du visage de la séduction, comme sous toutes les latitudes. Mais ici, ils portent le prénom de la magnétique Bettý. Un piège soigneusement ourdi, dont les ficelles nous sont révélées avec la minutie d’un art maîtrisé sous la plume d’Indridason. Palpitant.


Arnaldur Indridason, Le Lagon noirArnaldur Indridason, Le Lagon noir
Policier | Points, coll. « Points Policier », 2017
Traduit de l’islandais par Éric Boury
384 pages

Deux enquêtes menées par Marion et Erlendur composent Le Lagon noir. La première concerne le meurtre d’un Islandais, prénommé Kristvin. Le lien avec la base militaire américaine est rapidement établi. Les investigations seront difficiles sur fond de guerre froide. La seconde enquête s’intéresse à un dossier « froid » : la disparition d’une jeune fille, vingt-cinq ans auparavant, alors qu’elle se rendait à l’école. Erlendur veut percer le mystère de celle-ci. Il n’est alors qu’un jeune inspecteur âgé de trente-trois ans, mais son intérêt pour les êtres disparus est déjà manifeste. Cet intérêt qui ne le lâchera plus…

Alors que Marion demande à Erlendur :

– Mais qu’est-ce qui est tellement instructif ? Ces gens qui se sont perdus ? Ceux qui sont morts ? Qu’est-ce que tu vois d’intéressant là-dedans ?
[…]
– Ce n’est peut-être pas forcément… peut-être pas uniquement la question de ceux qui meurent ou qui se perdent, mais plutôt…
– Oui ?
– … plutôt de ceux qui restent, ceux qui doivent lutter contre les questions laissées en suspens. C’est peut-être ça qui est le plus intéressant.
[…]
– Je crois que les gens qui ont vécu un deuil traumatisant ont l’impression d’être eux-mêmes un peu morts, il m’est difficile d’être plus clair.


Arnaldur Indridason, Les fils de la poussièreArnaldur Indridason, Les fils de la poussière
Roman | Éditions Métailié, coll. « Bibliothèque Nordique », 2018
Traduit de l’islandais par Eric Boury
304 pages


Arnaldur Indridason, Le DuelArnaldur Indridason, Le Duel
Policier | Points, coll. « Points Policier », 2015
Traduit de l’islandais par Éric Boury
408 pages

 


Pierre Loti, Le livre de la pitié et de la mortPierre Loti, Le livre de la pitié et de la mort inclus Vie de deux chattes
Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2013
224 pages

« J’ai vu souvent, avec une sorte d’inquiétude infiniment triste, l’âme des bêtes m’apparaître au fond de leurs yeux – l’âme d’un chat, l’âme d’un chien, l’âme d’un singe, aussi douloureuse pour un instant qu’une âme humaine, se révéler tout à coup dans un regard et chercher mon âme à moi, avec tendresse, supplication ou terreur… Et j’ai peut-être eu plus de pitié encore pour ces âmes des bêtes que pour celles de mes frères, parce qu’elles sont sans parole et incapables de sortir de leur demi-nuit, surtout parce qu’elles sont plus humbles et plus dédaignées. » (Vies de deux chattes)


Hubert Mingarelli, La Terre invisibleHubert Mingarelli, La Terre invisible
Roman | Points, 2020
120 pages

« “Pourquoi vous faites ces photos ?” Je restai silencieux, il n’insista pas. La question ne m’était pas destinée. Elle n’avait été ni murmurée ni posée à haute voix, on aurait dit un souffle de vent échappé de vents déchaînés et lointains, nous frôlant à peine et continuant sa course à travers champ. »


Tommy Orange, Ici n'est plus iciTommy Orange, Ici n’est plus ici
Roman | Albin Michel, 2019
Traduit de l’américain par Stéphane Roques
352 pages


Frédéric Pajak, Manifeste incertain 9Frédéric Pajak, Manifeste incertain 9
Avec Pessoa. L’Horizon des événements. Souvenirs. Fin du Manifeste

Éditions Noir sur Blanc, 2020
352 pages

 


Annie Saumont, Ce soir j'ai peurAnnie Saumont, Ce soir j’ai peur
Roman | Julliard, 2015
144 pages

Jane, étudiante en gymnastique, a empoisonné Pierre, son amant de vingt ans plus âgé qu’elle. Quels sont les motifs réels de cet assassinat ? Ce sont les remords de Jane et les sombres méandres de son âme qu’Annie Saumont nous invite à sonder au fil de son écriture subtile et percutante.


Bernhard Schlink, OlgaBernhard Schlink, Olga
Roman | Gallimard, coll. « Folio », 2020
Traduit de l’allemand par Bernard Lortholary
320 pages

« Face à la neige et à la glace, aux armes et à la guerre, là vous vous sentez à la hauteur, vous les hommes, mais pas face aux questions d’une femme. »

Intelligence, sensibilité, profondeur. C’est avec ces qualités que l’écrivain nous dresse le superbe portrait d’Olga. Une femme lucide quant aux illusions et à la lâcheté des hommes, mais qui sait les aimer jusque dans leurs failles les plus sombres. Au prix d’une solitude et d’une tristesse sans bornes…


Vanessa Springora, Le ConsentementVanessa Springora, Le Consentement
Grasset, 2020
216 pages


Tarjei Vesaas, Le Palais de glaceTarjei Vesaas, Le Palais de glace
Roman | Babel, 2016
Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud, Babel, 2016
224 pages

Le lien immédiat qui unit les deux fillettes Siss et Unn. Et, derrière cette chaleur naissante, la glace qui fascine et emprisonne… Un texte magnifique de Tarjei Vesaas.


Philosophie, ethnologie

Étienne Bimbenet, L'animal que je ne suis plusÉtienne Bimbenet, L’animal que je ne suis plus
Essai | Gallimard, coll. « Folio essais », 2011
512 pages

 


Chapouthier et Nouët, Les droits de l'animal aujourd'huiGeorges Chapouthier et Jean-Claude Nouët (textes réunis par), Les droits de l’animal aujourd’hui
Corlet Publications, coll. « Panoramiques », 1997
244 pages

Avec les textes de : Françoise Armengaud, Thierry Auffret van der Kemp, Jean-Jacques Barloy, Monique Bourdin, Florence Burgat, Albert Brunois, Georges Chapouthier, Philippe Diolé, Sylvie Frackowiak, Elisabeth Hardouin-Fugier, Alfred Kastler, Robert Mallet, Thierry Maulnier, Théodore Monod, Jean-Claude Nouët, Jean Proteau, Étienne Wolff et Marguerite Yourcenar.


La question animaleCollectif, La question animale
Revue Études – Les Essentiels, 2020
128 pages

Avec les textes de : Éric Charmetant (préface), Jocelyne Porchet, Dominique Lestel, Laurence Devillairs, Alain Prochiantz (entretien), André Wénin.


T. C. McLuhan, Pieds nus sur la terre sacréeT.C. McLuhan (textes rassemblés par), Pieds nus sur la terre sacrée
(Extraits I, II)
Gallimard, coll. « Folio Sagesses », 2015
Traduit de l’anglais (Canada) par Michel Barthélémy
128 pages

Cet ouvrage reprend les deux premières parties de Pieds nus sur la terre sacrée (qui en comprend quatre).


Arthur Schopenhauer, Journal de voyageArthur Schopenhauer, Journal de voyage
Mercure de France, coll. « Le Temps retrouvé », 1989
Traduit de l’allemand et préfacé par Didier Raymond
352 pages


Bande dessinée

Les Vieux Fourneaux - Tome 6Wilfrid Lupano et Paul Cauuet, Les Vieux Fourneaux
Tome 6, L’Oreille bouchée
Bande dessinée | Dargaud, 2020
Scénariste : Wilfrid Lupano – Dessinateur : Paul Cauuet


Voutch, De surprise en surpriseVoutch, De surprise en surprise 
Dessins d’humour | Le cherche midi, coll. « Bibliothèque du dessinateur », 2020
64 pages

Kraa

Bande dessinée de Benoît Sokal, Kraa se compose de trois tomes : « La Vallée perdue » (2010), « L’Ombre de l’aigle » (2012) et « La Colère blanche de l’orage » (2014).

B. Sokal, Kraa - La vallée perdue

Ces albums nous font pénétrer dans un univers fascinant : grands espaces parcourus à travers les battements d’ailes de l’aigle Kraa et le regard de Yuma, son frère indien. Mais ils nous plongent aussi dans une atmosphère inquiétante qui met en scène la course à l’exploitation des ressources rendant les hommes capables des pires actes pour écarter ce qui peut freiner leur soif de profit : meurtres de populations, défiguration de la nature…

Un scénario finement conduit, servi par les magnifiques dessins de Benoît Sokal (les amateurs du jeu vidéo Syberia, notamment, comprendront).
À ce titre, le regard à la fois superbe et sanguinaire de Kraa, ainsi que le désarroi de Yuma, savent laisser une empreinte marquante dans l’esprit du lecteur.

> Lire l’interview de Benoît Sokal (Casterman)

Kraa
tome 1 : « La Vallée perdue » (2010) – 96 pages
tome 2 : « L’Ombre de l’Aigle » (2012) – 66 pages
tome 3 : « La Colère blanche de l’orage » (2014) – 72 pages
Benoît SOKAL
Casterman

Lectures | Sélection 2018

Les livres que j’ai aimés en 2018

Littérature, Art

Hélène Berr, JournalHélène Berr, Journal (1942-1944)
Points, 2009
336 pages


Emmanuel Bove, La dernière nuitEmmanuel Bove, La Dernière nuit
Roman | Le Castor Astral, coll. « Galaxie », 2017
168 pages

« Quatre heures sonnèrent. La nuit tombait déjà. En cet après-midi pluvieux de novembre, elle était attendue avec impatience. N’allait-elle pas, cette nuit semblable à toutes les nuits, faire oublier le jour lugubre qui s’achevait ? »

Une longue nuit, qui débute avec la tentative de suicide d’Arnold…


Emmanuel Bove, Journal écrit en hiverEmmanuel Bove, Journal écrit en hiver
Roman | Éditions Sillage, 2016
208 pages


Emmanuel Bove, Petits contesEmmanuel Bove, Petits contes
Nouvelles | Éditions Manucius, coll. « Littéra », 2018
68 pages


J. M. Coetzee, L'abattoir de verreJ. M. Coetzee, L’abattoir de verre
Nouvelles | Éditions Seuil, coll. « Cadre vert », 2018
Traduit de l’anglais par Georges Lory
176 pages

« À mesure que nous prenons de l’âge, chaque partie de notre corps se détériore ou souffre d’entropie, jusqu’à la moindre cellule. Les vieilles cellules, même toujours saines, sont frappées par les couleurs de l’automne. Cela vaut aussi pour les cellules du cerveau : frappées par les couleurs de l’automne.
Tout comme le printemps est la saison qui regarde l’avenir, l’automne est la saison qui regarde vers l’arrière. Les désirs conçus par un cerveau automnal sont des désirs d’automne, nostalgiques, entassés dans la mémoire. Ils n’ont plus la chaleur de l’été ; même lorsqu’ils sont intenses, leur intensité est complexe, plurivalente, tournée vers le passé plus que vers l’avenir. » (« Une femme en train de vieillir »)


Mayumi Inaba, 20 ans avec mon chatMayumi Inaba, 20 ans avec mon chat
Roman | Éditions Picquier, coll. « Littérature », 2014
Traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu
208 pages

Un texte particulièrement sensible qui relate les « vingt années passées avec Mî, cette chatte qui avait été mon soutien tout au long de sa vie ». Au fil de ce texte, nous assistons au lien indéfectible qui se noue entre Mayumi Inaba (le livre est davantage un récit qu’un roman) et son chat Mî. Nous découvrons comment l’auteure, avec ce chat à ses côtés, va peu à peu s’ouvrir au monde qui l’entoure et à elle-même, se concentrant alors sur sa vocation d’écrivain.

« La principale métamorphose était que j’avais gagné mon indépendance, je m’étais habituée à ma vie avec Mî, je m’étais faite au travail de rédaction que j’avais entrepris grâce à mes amies et amis, ce que j’avais commencé d’écrire sans savoir si cela me mènerait quelque part avait pris forme. Sans que je m’en aperçoive, j’avais fini par devenir écrivain. […] Tout avait commencé avec la rencontre d’un chaton. Sans Mî, je ne me serais sans doute pas installée dans ce quartier. Je n’aurais pas déambulé dans tous ses recoins, je n’aurais pas contemplé la couleur de l’eau de la rivière au lit tortueux, particulière à chaque saison. Je n’aurais pas prêté une oreille passionnée au pouls de la ville entière qui battait au rythme de sa propre métamorphose. »


Alice Munro, Amie de ma jeunesseAlice Munro, Amie de ma jeunesse
Nouvelles | Éditions de l’Olivier / Points, 2013
Traduit de l’anglais (Canada) par Marie-Odile Fortier-Masek
360 pages


Marilynne Robinson, LilaMarilynne Robinson, Lila
Roman | Babel, 2017
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Simon Baril
368 pages

 


Annie Saumont, Un si beau parterre de pétuniasAnnie Saumont, Un si beau parterre de pétunias
Nouvelles | Éditions Julliard / Pocket, 2014
192 pages


Luis Sepúlveda, Histoire d'un escargot qui découvrit l'importance de la lenteurLuis Sepúlveda, Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur
Dessins de Joëlle Jolivet
Éditions Métailié, 2017
Traduit de l’espagnol (Chili) par Anne Marie Métailié
96 pages

« Il pensait qu’il avait commis une erreur en abandonnant le groupe et la sécurité du pied d’acanthe, mais en même temps quelque chose, une voix qui n’était pas la sienne, lui répétait que la lenteur devait bien avoir une raison et qu’avoir un nom à lui, rien qu’à lui, un nom qui le rendrait unique, singulier, cela serait formidable. »


Luis Sepúlveda, Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à volerLuis Sepúlveda, Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler
Éditions Métailié, 2004
Traduit de l’espagnol (Chili) par Anne Marie Métailié
126 pages

Un texte qui sait allier tendresse, humour et profondeur, à lire et à faire lire aux plus jeunes.


Philosophie

Clémnt Rosset, Esquisse biographiqueClément Rosset, Esquisse biographique. Entretiens avec Santiago Espinosa
Entretiens | Éditions Les Belles Lettres, coll. « encre marine », 2017
136 pages

Un éclairage très intéressant sur l’itinéraire de pensée du philosophe. À cette fin, Clément Rosset revient sur des moments-clés de son existence l’ayant éveillé à la réflexion philosophique et fixant l’orientation de celle-ci. Rosset s’attache, par ailleurs, et ce avec l’humour qui le caractérise, à dissiper des contresens à propos de sa philosophie du réel.


Clément Rosset, L'Endroit du paradis

Clément Rosset, L’Endroit du paradis. Trois études
Éditions Les Belles Lettres, coll. « encre marine », 2018
64 pages

« Ce petit livre est consacré à une dernière (je l’espère pour moi et mes lecteurs) tentative d’analyse et de description de la joie de vivre et de la joie d’exister. » (Clément Rosset)


Bande dessinée

Matthieu Bonhomme, L'homme qui tua Lucky LukeMatthieu Bonhomme, L’homme qui tua Lucky Luke
Bande dessinée | Lucky Comics, 2016
64 pages

Les amateurs du Lucky Luke originel, celui de Morris et Goscinny, ne peuvent être que déroutés en entrant dans cet album. Lucky Luke nous apparaît sous des traits décalés : une figure adulte dont l’on redoute la vulnérabilité. Le titre de l’album et l’atmosphère glauque de Froggy Town, la ville dans laquelle notre héros débarque, ne sont pas faits pour rassurer le lecteur. Matthieu Bonhomme va-t-il nous faire assister à la mort de Lucky Luke ? Nous ne dévoilerons pas la fin de cette aventure. Disons toutefois que celle-ci est un très bel hommage à l’homme qui tire plus vite que son ombre.


Les Vieux Fourneaux - Tome 5, Bons pour l'asileWilfrid Lupano et Paul Cauuet, Les Vieux Fourneaux Tome 5, Bons pour l’asile
Bande dessinée | Dargaud, 2018
Scénariste : Wilfrid Lupano – Dessinateur : Paul Cauuet


Mathieu Sapin et Patrick Pion, Les Rêves dans la maison de la sorcière
Bande dessinée | Rue de Sèvres, 2016
64 pages
Scénario : Mathieu Sapin – Dessin : Patrick Pion

« Je ressentais seulement, tapie dans l’ombre, l’horreur purulente et glacée de la vieille ville et de cette insalubre et maudite mansarde où j’écrivais et étudiais avec acharnement, aux prises avec les chiffres et les formules. »

Une adaptation très réussie de la nouvelle de H. P. Lovecraft.


AquaricaBenoît Sokal et François Schuiten, Aquarica Tome 1, Roodhaven
Bande dessinée | Rue de Sèvres, 2017
72 pages
Scénario : Benoît Sokal et François Schuiten – Dessin : Benoît Sokal

Les auteurs nous embarquent dans une superbe fable maritime ! Les amateurs de l’univers créatif de B. Sokal (jeu vidéo Syberia, Bande dessinée Kraa…) ne seront pas déçus : des dessins d’une grande beauté au service d’une histoire mêlant les échos de Moby Dick ou de Jules Verne à un arrière-plan écologique. Des marins emblématiques de l’époque de l’exploitation baleinière, des naufragés sur une île qui n’est autre que le dos d’une baleine géante, et Aquarica, jeune femme aux capacités étonnantes, qui débarque à Roodhaven dans un étrange vaisseau, sorte de crabe-méduse géant. Aquarica est en quête de l’aide d’un savant en mesure de sauver la baleine de son île… À la fin de ce tome, on n’a qu’une hâte : découvrir la suite et la fin de cette histoire qui nous sera livrée dans le tome 2, La baleine géante.

Lectures | Sélection 2016

Les livres que j’ai aimés en 2016

Littérature, Art

akounine_cimetiereBoris Akounine, Grigori Tchkhartichvili, Histoires de cimetières
Les Éditions Noir sur Blanc, 2014
Traduit du russe par Paul Lequesne
240 pages

Si vous aussi êtes un(e) taphophile, alors les Histoires de cimetières de Grigori Tchkhartichvili, alias Boris Akounine, sont faites pour vous !

 


anabase-lesprit-de-la-montagneBernard Amy, Jean-Marc Rochette, Anabase – L’esprit de la montagne
Le Tripode, 2016
Édition reliée et cartonnée
48 pages

Une fable sur l’homme et la montagne : texte de Bernard Amy magnifiquement mis en relief par les peintures de Jean-Marc Rochette (11 peintures).


Les chats des écrivains

Bérangère Bienfait, Brigitte Bulard-Cordeau, Valérie Parent, Les chats des écrivains
Illustrations de Loïc Sécheresse
Gallimard, coll. « Folio », 2015
192 pages

Le chat, ami de l’écrivain. Un cheminement littéraire félin très intéressant en compagnie, notamment, de Céline et Bébert, Huysmans et Barre de Rouille, Hugo et Chanoine, Green et Finette, et encore bien d’autres.
Les dessins de Loic Sécheresse illustrent, par ailleurs, de manière fort réussie nombre de couples chat-écrivain.


Emmanuel Bove, Mes amisEmmanuel Bove, Mes amis
Roman | Éditions de l’Arbre vengeur, 2015
240 pages

Un livre marquant et singulier à ranger parmi les grandes œuvres littéraires.
Au nombre des admirateurs de l’écrivain, on compte, entre autres, Colette (qui fera publier Mes amis, premier roman d’Emmanuel Bove, en 1924), Guitry, Rilke, Gide, Handke et Beckett, ce dernier saluant chez Bove son « sens du détail touchant ».
De quoi vous inviter à découvrir les errances de Victor Bâton et sa quête éperdue d’un lien véritable avec autrui…


Michel Butor, Curriculum vitae. Entretiens avec André ClavelMichel Butor, Curriculum vitae. Entretiens avec André Clavel
Plon, 1996
274 pages

Des entretiens particulièrement intéressants, s’attachant à appréhender l’œuvre de Michel Butor à partir de la vie de l’écrivain. L’écriture à l’intérieur de l’histoire personnelle : traversant notamment les multiples voyages qui ont scandé son existence, on mesure l’envie de Michel Butor d’être partout à la fois, de tout voir, et les textes multiformes qui émergent à partir de là. Au bout du compte, une œuvre gigantesque au service d’une écriture non conventionnelle, toujours en mouvement, qu’elle soit de forme pyramidale ou gyroscopique…

Page 260, André Clavel cite le passage suivant du « portrait de l’artiste en jeune escargot » : « Je suis né fatigué… J’ai décidé d’aérer ma fatigue en la traînant de par le monde entier, m’étant bien enduit de la bave de tous les écrivains qui m’avaient enchanté, portant ma coquille de phrases qui s’agrandissait en spirales au long de mes pèlerinages, incapable de la déposer pour me reposer. »

Ce à quoi Michel Butor répond : « C’est bien ça… »


Jeremy Chambers, Le grand ordinaireJeremy Chambers, Le grand ordinaire
Roman | Éditions 10/18, 2015
Traduit de l’anglais (Australie) par Brice Matthieussent
312 pages

Un roman remarquable dépeignant l’humanité sans fard : arrogante, désarmée, brutale, tendre aussi…

 


Michael Cunningham, CrépusculeMichael Cunningham, Crépuscule
Roman | Belfond, 2012
Traduit de l’américain par Anne Damour
312 pages

Un très beau roman de Michael Cunningham. Comme dans Les heures, l’auteur exprime le questionnement intérieur des êtres avec une grande finesse. Ici, c’est le cheminement de Peter Harris que nous sommes amenés à suivre : un cheminement particulièrement tourmenté qui l’amène à remettre en question l’ensemble de ses choix d’existence.


Michael Cunningham, Les heuresMichael Cunningham, Les heures
Roman | Belfond / Pocket, 2001
Traduit de l’américain par Anne Damour
226 pages

 

 

 


Stig Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasierStig Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
Actes Sud, 1981
Traduit du suédois par Philippe Bouquet
24 pages

 


Silvio D'Arzo, Maison des autresSilvio D’Arzo, Maison des autres, suivi de Un moment comme ça
Récits | Verdier/poche, 2015
Maison des autres, traduit de l’italien par Bernard Simeone
Un moment comme ça, traduit de l’italien par Philippe Renard et Bernard Simeone
96 pages

Maison des autres – Un village reculé de montagne dont la vie monotone est essentiellement entrecoupée par les enterrements et les fêtes chrétiennes.
Une vie morne. Un vieux prêtre. Une vieille lavandière, pauvre et vivant à l’écart du village. Elle est venue le voir, ses mots tournant autour du cœur de son propos, puis elle est repartie. Elle est revenue une fois en son absence, a laissé une lettre puis l’a récupérée avant qu’il ne puisse la lire. Elle a une question cruciale à poser… Le dialogue aura lieu. L’écriture de Silvio D’Arzo intègre magistralement la monotonie des jours, les silences accroissant la tension du suspense.


William H. Gass, Le Musée de l'InhumanitéWilliam H. Gass, Le Musée de l’Inhumanité
Roman | Le Cherche Midi, 2015
Traduit de l’américain par Claro
576 pages

« Skizzen s’attendait à voir l’humanité périr, mais finit par redouter qu’elle survive. » Telle est la bonne phrase à laquelle aboutit Joseph Skizzen, après s’être essayé à de nombreuses formulations.


 Jean Giono, Prélude de PanJean Giono, Prélude de Pan et autres nouvelles
Nouvelles | Gallimard, coll. « Folio 2 € », 2005
112 pages

Le livre comporte les quatre nouvelles suivantes : « Prélude de Pan », « Champs », « Joffroi de la Maussan » et « Philémon ». Le déchainement des éléments, l’attachement à la terre jusqu’à la déchirure, les cœurs qui s’emportent et qui saignent…
Nouvelles extraites du recueil Solitude de la pitié.

 


Yves Hersant, MélancoliesYves Hersant, Mélancolies. De l’Antiquité au XXe siècle
Anthologie | Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2005
990 pages

« […] en s’écrivant, en se peignant, en s’arrachant à l’“asymbolie”, elle se transcende ou se sublime. Comme si, dans l’affliction poussée à un certain degré, se déployait une énergie qui incite à l’œuvre d’art. On retrouve ici l’idée ancienne, que Rilke exprime à sa manière : […] “Un monde naquit de la plainte, un monde où tout fut recréé”. Les mots peuvent l’emporter sur le vécu ; de l’impossibilité de vivre, on passe alors à la possibilité d’en parler. » (Yves Hersant)

Une excellente anthologie d’Yves Hersant que je vous invite à lire si vous vous intéressez à la mélancolie et à sa dimension créative.


Charles Juliet, LambeauxCharles Juliet, Lambeaux
Gallimard, coll. « Folio », 1997
160 pages

 


Antonio Moresco, Les IncendiésAntonio Moresco, Les Incendiés
Roman | Éditions Verdier, coll. « Terra d’altri », 2016
Traduit de l’italien par Laurent Lombard
192 pages

« En ce temps-là, j’étais complètement malheureux. Dans ma vie j’avais tout faux, j’avais tout raté. J’étais seul. Je l’avais compris tout à coup, par une nuit de pluie battante où je n’arrivais pas à dormir, et ça m’avait anéanti. Il n’y avait pas de liberté autour de moi, il n’y avait pas d’amour. Tout n’était qu’avidité, asservissement, vide, la vie ressemblait à la mort. »

L’accablement, la solitude, l’envie de laisser le monde derrière soi, de renoncer à tout. « Quitte à être seul, autant être seul tout seul. » Mais, au milieu d’une effroyable nuit d’incendie, une femme aux dents d’or apparaît à cet homme. Quête de l’amour véritable qui renaît alors dans son cœur et qui prendra la forme d’un rêve. Un rêve étrange, obsédant, à la fois sombre et stimulant. À brûler…


Frédéric Pajak, MélancolieFrédéric Pajak, Mélancolie
PUF, coll. « Perspectives critiques », 2004
192 pages
Livre dessiné et écrit par F. Pajak.

« C’est un va-et-vient entre le passé et le présent, entre les cauchemars d’hier et les rêveries d’aujourd’hui, entre les amours insouciantes et l’ombre oppressante des morts, un va-et-vient dicté par la plus trouble des affections : la mélancolie qui confond le malheur de vivre et la volupté de se laisser vivre. » (F. Pajak)


Patti Smith, Glaneurs de rêvesPatti Smith, Glaneurs de rêves
Récit autobiographique | Gallimard, coll. « Folio », 2016
Traduit de l’américain par Héloïse Esquié
112 pages

 

 

 


Philosophie

François Jullien, De l'intimeFrançois Jullien, De l’intime. Loin du bruyant Amour
Essai | Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 2014
216 pages

 


La mort et le soinJean-Philippe Pierron et Élodie Lemoine (sous la dir.), La mort et le soin. Autour de Vladimir Jankélévitch
PUF, coll. « Questions de soin », 2016
192 pages

 


 Voltaire, Pensées végétariennesVoltaire, Pensées végétariennes
Recueil établi par Renan Larue | Mille et une nuits, 2014
96 pages

Voltaire n’est pas l’auteur d’un ouvrage spécifiquement dédié à la question du végétarisme. En revanche, il a rédigé de nombreuses pages exprimant son approbation de cette abstinence de la chair animale.


Bande dessinée, Humour

Charles Haquet et Bernard Lalanne, Procès du grille-pain et autres objets qui nous tapent sur les nerfsCharles Haquet et Bernard Lalanne, Procès du grille-pain et autres objets qui nous tapent sur les nerfs
Mercure de France, coll. « Littérature générale », 2014
208 pages

 

 

 


Lucky Luke, La terre promiseJul et Achdé, Lucky Luke – La terre promise
Bande dessinée | Lucky Comics, 2016
Scénariste : Jul – Dessinateur : Achdé

Une famille juive d’Europe de l’Est débarque au Far West. Lucky Luke les accompagne depuis Saint Louis jusqu’à leur terre promise, Chelm City, où se sont déjà installés des cousins à eux.

Jeux de mots subtils et clins d’œil amusants se glissent tout au long de ce périple, depuis Rabbi Jacob jusqu’au jean Levi-Strauss, en passant par Dark Vador.


Benjamin Renner, Le grand méchant renardBenjamin Renner, Le grand méchant renard
Bande dessinée | Éditions Delcourt, coll. « Shampoing », 2015

Un bijou de drôlerie et de tendresse !
En bref, l’histoire d’un renard peu à l’aise dans sa condition. Ni grand, ni méchant – lorsqu’il crie « graou !! » pour effrayer ses proies, il récolte des rires ou de l’indifférence -, il se voit réduit à manger des navets que le cochon et le lapin de la ferme lui mettent de côté.
Le loup, pour le coup grand et méchant, lui suggère de voler des œufs, pensant qu’il lui sera aisé d’élever les poussins et de les dévorer. Mais, au moment de l’éclosion des œufs, le renard se voit aussitôt appelé « maman » par les poussins. Quoiqu’il s’en défende, notre renard s’attache à ses poussins…


Blake et Mortimer, Le testament de William S.Yves Sente et André Julliard, Blake et Mortimer – Le testament de William S.
Bande dessinée | Éditions Blake et Mortimer, 2016
Scénariste : Yves Sente – Dessinateur : André Julliard

Philip Mortimer part à la recherche d’un manuscrit inédit de William Shakespeare, en compagnie d’Elizabeth McKenzie, fille de Sarah Summertown (une ancienne conquête de Philip), présidente de la William Shakespeare Defenders Society. C’est en résolvant une série d’énigmes complexes, entre l’Italie et l’Angleterre, qu’ils pourront accéder au précieux manuscrit et découvrir la véritable identité du dramaturge. Le temps leur est compté et, qui plus est, une confrérie secrète tente de les piéger. Parallèlement, Francis Blake enquête sur une série d’agressions perpétrées par une bande de Teddys de Hyde Park.
Une aventure passionnante qui sait rester fidèle à l’esprit des personnages créés par Edgar P. Jacobs en 1946, tout en étant innovante. Une très belle façon de commémorer les 400 ans de William Shakespeare.


Benoït Sokal, Kraa, tome 3Benoît Sokal, Kraa
Bande dessinée | Casterman

tome 1 : « La Vallée Perdue » (2010)
tome 2 : « L’Ombre de l’Aigle » (2012)
tome 3 : « La colère blanche de l’orage » (2014)

J’avais lu initialement le tome 3 de la bande dessinée Kraa, « La colère blanche de l’orage ». Celui-ci m’ayant beaucoup plu, j’ai lu, ensuite, les deux premiers tomes de cet ensemble, intitulés respectivement « La Vallée Perdue » et « L’Ombre de l’Aigle ».

 


Clifton et les gauchers contrariésZidrou et Turk, Clifton et les gauchers contrariés
Bande dessinée | Le Lombard, 2016
Scénariste : Zidrou – Dessinateur : Turk

Une plaisante récréation en compagnie de l’éminent détective Clifton !
Un étrange phénomène se produit au Royaume-Uni : des citoyens de sa Majesté se mettent à conduire à droite ! N’y aurait-il pas là un complot fomenté par quelque vil Français ? À ce train là, comme le déclare, outré, le président du très important B.R.A.C. (British Royal Automobile Club), pourquoi ne pas imaginer l’adhésion de l’Angleterre à la communauté européenne ?! Mais, heureusement, le colonel Clifton est là ! Selon une expression chère à Hercule Poirot, comptons sur lui pour activer ses petites cellules grises, afin de résoudre cette épineuse affaire.

Lectures | Sélection 2015

Les livres que j’ai aimés en 2015

Ivy Edelstein, Devance tous les adieuxIvy Edelstein, Devance tous les adieux
Éditions Points, coll. « Points vivre », 2015
112 pages

 

 

 


Les vieux fourneaux, tome 1Wilfrid Lupano et Paul Cauuet, Les Vieux Fourneaux

Bande dessinée | Dargaud
tome 1 : « Ceux qui restent » (2014)
tome 2 : « Bonny and Pierrot » (2014)
tome 3 : « Celui qui part » (2015)

Les tribulations de trois septuagénaires, amis d’enfance, qui n’en ont pas encore tout fait fini avec l’existence et qui épinglent au passage nombre de travers de notre société. Une bande dessinée tout à la fois drôle et émouvante (scénario de Wilfrid Lupano), servie par des dessins de Paul Cauuet de grande qualité.


Antonio Moresco, La petite lumièreAntonio Moresco, La petite lumière
Roman | Éditions Verdier, coll. « Terra d’altri », 2014
Traduit de l’italien par Laurent Lombard
128 pages

 


Il était une fois en France - Tome 1Fabien Nury et Sylvain Vallée, Il était une fois en France
Bande dessinée | Glénat
Scénariste : Fabien Nury – Dessinateur : Sylvain Vallée
Série complète en 6 tomes parus entre 2007 et 2012

 


Joyce Carol Oates, MudwomanJoyce Carol Oates, Mudwoman
Roman | Points, 2014
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Claude Seban
576 pages

 


Ruwen Ogien, Philosopher ou faire l’amourRuwen Ogien, Philosopher ou faire l'amour
Essai | Grasset, 2014
272 pages

 


Odilon Redon, Mes noirs
Rumeur des Ages, 2011

« Il faut respecter le noir. Rien ne le prostitue. Il ne plaît pas aux yeux et n’éveille aucune sensualité. Il est agent de l’esprit bien plus que la belle couleur de la palette ou du prisme. »


James Salter, Et rien d'autreJames Salter, Et rien d’autre
Roman | Éditions de l’Olivier, 2014
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Lisa Rosenbaum et Anne Rabinovitch
368 pages

 


Branimir Scepanovic, La bouche pleine de terre et autres récits insolitesBranimir Scepanovic, La bouche pleine de terre et autres récits insolites
Nouvelles | L’Age d’Homme, coll. « Au cœur du monde », 2008
La bouche pleine de terre
, La mort de monsieur Goluza, Avant la vérité, La honte, L’autre temps, traduits du serbe par Jean Descat
Le cri
, traduit du serbe par Marko Despot
192 pages

Des écrits tout à la fois intenses et torturés qui sondent la condition humaine dans toute sa noirceur. Le texte central, « La bouche pleine de terre », est particulièrement marquant, mais les nouvelles publiées dans ce recueil méritent aussi, à mon sens, que l’on s’y attarde. Je pense notamment à « La mort de Monsieur Goluza », le portrait d’un homme pris au piège de l’annonce de son suicide ou encore à « La honte ».


Benoït Sokal, Kraa, tome 3Benoît Sokal, Kraa
Bande dessinée | Casterman
tome 3 : « La colère blanche de l’orage » (2014)
72 pages

 


Valérie Sueur-Hermel (sous la dir.), Fantastique ! L'estampe visionnaire de Goya à RedonValérie Sueur-Hermel (sous la dir.), Fantastique ! L’estampe visionnaire de Goya à Redon
Bibliothèque nationale de France, 2015
192 pages

Catalogue de l’exposition présentée par la Bibliothèque nationale de France au Petit Palais (du 1er octobre 2015 au 17 janvier 2016).
L’ouvrage reproduit une centaine d’œuvres parmi les 170 exposées au Petit Palais.


Félix Vallotton, La Vie meurtrièreFélix Vallotton, La Vie meurtrière
Roman | Phébus, coll. « Libretto », 2009
208 pages

Avec sept dessins de l’auteur.

 


Joël Vernet, Nous ne voulons pas attendre la mort dans nos maisonsJoël Vernet, Nous ne voulons pas attendre la mort dans nos maisons
Éditions Zoé, coll. « Mini Zoé », 2015
64 pages