2 min de lectureVisions urbaines

Lowave, Visions urbainesLowave, label des films indépendants sur DVD, nous présente avec Visions urbaines son premier DVD Européen de courts-métrages et films expérimentaux. Une alliance de l’art et de la technologie qui nous convie à une traversée aux abords multiples des méandres de nos espaces urbains.

L’ensemble de ce parcours se compose de onze films, à travers lesquels sont épinglés nombre d’aspects de notre urbanité : ses rythmes quotidiens, ses banales codifications, ses lumières crues, ses vertiges, ses pièges et ses débauches. Depuis les cliquetis, jeux de signaux et autres boutons qui scandent nos gestes quotidiens (Push, Gorka Aguado), jusqu’aux Promenaux de Stefano Canapa, en passant par quelque voisinage grotesque (La nuit où le plancher devient plafond, Rudolf Buitendach) ou, plus durement, par le mortel vol seringué mis en scène par Lombardi-Clan (Le dernier vol), s’offrent à nous une pluralité de visions qui laissent un goût plutôt amer.

Rails, artères, blocs d’immeubles. Incarcération des corps, des êtres dans des décors qui les enferment d’autant plus qu’ils leur échappent. Ainsi le tournis incessant de Fausse solitude (même la solitude semble avoir perdu son nom). Riens à faire et riens à se dire grimaçants maquillés par d’illusoires évasions. On songe à la mortelle extase du dernier vol bien sûr, mais aussi aux shoots de Hi-Fi (Sean Baker) et à l’identité en miettes, dispersée dans les rues, allant pour trois sous jusqu’à se répandre dans le sang versé d’autrui (One last thing, Hilton Earl). Géographie du corps bien souvent impuissante à se calquer sur celle de la ville ou à lui imposer ses propres contours. Même si, avant que The Strip mall trilogy (Roger Beebe) ne vienne clore ce cheminement, filtrent avec les Promenaux – le film à notre sens esthétiquement le plus abouti – quelques rayons de soleil et pas de danse, sous les augures de la « bonne pensée du matin » de Rimbaud. Même si, pas plus.

Visions urbaines dont il faut saluer l’effort de scruter avec un œil artiste, aux nationalités multiples, nos trottoirs, nos fenêtres et le modelage plus ou moins heureux de nos corps urbains. À chacun ensuite de créer son propre trajet de circulation/appréciation au sein de ces onze mises en scène, d’élire les regards à son sens les plus aiguisés, de trouver son rythme, enfin, à travers les néons agressifs (The Strip mall trilogy) et les chantiers pierreux.
Les éclaircies, de toute façon, émergent rarement d’un lit de roses…

>> Pour en savoir plus sur les travaux et projets de Lowave : www.lowave.com

Parutions
  • Webzine Plumart, n°45, septembre 2002.

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